Gregg Black : "Je suis animé par l'esprit d'équipe"

30 juin 2022

Double champion du monde FIM EWC en titre avec Suzuki, Gregg Black revient sur les performances du Yoshimura SERT Motul lors des deux premières courses et explique son rôle de Team Captain pour les 8 Heures de Suzuka.

 

- Comment décris-tu le début de saison du team Suzuki ?

C’est un très bon début de saison. Suzuki est en tête du championnat et on a respecté l’objectif que l'on s'était fixé de marquer des points pour jouer le titre. On a prouvé notre potentiel de performance au Mans et à Spa. Malgré quelques déboires on s’en est extrêmement bien sorti par rapport à nos concurrents.

 

 

-  Au Mans une nouvelle course très bien gérée de l’équipe, une victoire et un record du tour pour toi. La course parfaite ?

Oui c’était vraiment une course parfaite. On a démontré le travail effectué pendant l’hiver, autant au niveau de la technique sur la GSX-R1000 que du pilotage. Personnellement j’avais travaillé sur mes qualifications et ça a payé puisque j’ai effectué mon meilleur chrono en 1.35.2, le record de la piste, avant qu’il ne soit battu quelques minutes après.

 

 

Ça montre aussi l’évolution des pilotes en Endurance. On sait rouler vite pendant longtemps mais également performer sur un tour chrono. Et puis j’ai fait le meilleur tour en course le dimanche à 7h du matin, soit 12 heures après le départ. C’est aussi une force de l’équipe et de la moto de pouvoir être à ce point rapide aussi tard durant l’épreuve.

 

C’était une très belle course pour le Yoshimura SERT Motul. Gagner au Mans est vraiment difficile alors le faire deux fois d’affilée…

 

 

- Des conditions complètement différentes à Spa-Francorchamps avec la découverte d’une nouvelle piste, le meilleur rythme en course mais une quatrième place qui semble mal payée. Que retiens-tu des 24 Heures de Spa ?

Je retiens que l’objectif était de marquer beaucoup de points, et c’est ce qu’on a fait. Avant la course on s’était dit qu’on ne serait sûrement pas les plus performants, car des équipes avaient déjà roulé plusieurs fois là-bas et connaissaient mieux la piste que nous. Finalement on a été surpris lors des essais. On était pas loin d’être plus performant qu’au Mans, et lors des qualifications je fais le deuxième chrono le plus rapide du circuit. On a rapidement démontré le potentiel qu’on avait.

 

 

Ça s’est confirmé pendant la course où avant la casse de la boîte de vitesses on était en tête avec de l’avance. À ce moment-là on a fait mal aux concurrents car on a montré qu’on était encore une fois les plus rapides. C’est une déception d’avoir subi une panne aussi rare, surtout sur la moto la plus fiable du plateau.

 

Je suis certain que sans ça on aurait fini la course avec 3 ou 4 tours d’avance, mais c’est le risque en Endurance. Finalement en repartant de Spa on a accentué l’avance au championnat et c’est le plus important.

 

 

- Tout le monde se souvient de ce moment en Belgique où tu ramènes une GSX-R1000 sans demi-guidon droit après une chute sur une piste très glissante. Peux-tu raconter ce que tu as vécu ?

J’ai vu que beaucoup de monde a trouvé ça extraordinaire mais ça me semble juste normal. Je suis un pilote d’Endurance qui doit savoir rouler vite dans toutes les conditions. Quand il fait chaud, froid ou quand il pleut, mais aussi avec une moto en mauvais état. Un pilote d’Endurance doit aussi connaître la mécanique de sa moto pour savoir comment réagir après une chute, et je connais très bien la GSX-R1000 grâce à mon expérience.

 

 

Certes je suis tombé à 260km/h, c’était très rapide. On nous a mal indiqué la présence de l’huile sur la piste. Mais j’avais juste une petite brûlure, j’allais bien. Le problème est que la moto a tapé le rail et subi pas mal de dégâts. Quand je me suis relevé, par réflexe je vois le bouton pour démarrer la moto et j’appuie dessus. Sauf que la première était enclenchée et la moto m’a échappé. J’ai réussi à la relever une seconde fois et à repartir en calant le demi-guidon droit qui était cassé. La vraie difficulté dans ces conditions était de gérer l’accélération. 

 

Et puis j’étais motivé par l’esprit d’équipe en me disant que tout le monde bossait dur sur le projet et que j’avais qu’une seule chose à faire : ramener la moto pour marquer des points. Il n’y a même pas de question à se poser dans ces moments-là.

 

 

- Aux 8 Heures de Suzuka tu endosseras le rôle de Team Captain, peux-tu nous expliquer en quoi ça consiste ?

En réalité j’ai ce rôle depuis que Vincent Phillipe a quitté l’équipe en 2019. La direction voulait un référent pour gérer les relations entre le team et les pilotes. Notamment pour les plans de roulage, les questions à poser, les infos à relayer... Avec mon expérience ils ont estimé que j’étais bien placé pour faire ça.

Ce qui est particulier à Suzuka c’est que j’aurai ce rôle sans avoir celui de pilote. Évidemment c’est une déception de ne pas rouler lors de cette course mythique, mais des choix ont dû être faits afin de faire rouler Kazuki chez lui.

 

Dans ce championnat l’égo d’un pilote n’a pas sa place, on doit travailler pour l’équipe. Si on me demande d’être rapide en course, je le suis, et si je dois remplir un autre rôle c’est pareil. Je respecte la hiérarchie et ce qu’on me demande de faire.

 

 

- Cette saison le titre de champion du monde d’Endurance se jouera au Bol d’Or. Est-ce que ça change quelque chose par rapport aux saisons précédentes ?

En théorie sur la dernière course de la saison les points attribués sont multipliés par 1,5 donc ça change potentiellement pas mal de choses. Sur une course de 24 heures comme le Bol d’Or ça signifierait que 90 points seraient en jeu. Mais on est habitué aux changements de règlementation dans ce championnat.

La finale de la saison sur une course de 24 heures sera quelque chose de spécial. Tout pourra arriver et il faudra être prêt. On fera tout pour faire une belle course et viser une 3ème victoire de suite au Castellet.

 

 

- Un dernier mot pour les fans ?

On est content de voir leur soutien tout au long de l’année dans la presse ou sur les réseaux sociaux. Ça rend les victoires encore plus belles quand on les voit célébrer, et ça fait toujours chaud au cœur quand on sent leur soutien dans les moments plus difficiles. On va continuer de tout donner pour eux.